Avec un bilan positif, le ministère de l'Education s'est félicité du premier
bilan de l'assouplissement de la carte scolaire. C'est incontestablement une réussite pour Xavier Darcos, à qui Nicolas
Sarkozy avait confié en juillet 2007 la délicate mission de la suppression progressive de la sacro-sainte carte scolaire. Le bilan définitif dévoilé vendredi par le
ministère de l'Education fait ainsi état de 115.000 demandes de dérogation pour la rentrée 2008 - soit une augmentation de 17
% par rapport à l'an dernier - et d'un taux de satisfaction de 88 % (86.668
dérogations accordées). « Les parents se sont saisis de cette liberté nouvelle », se félicite la Rue de Grenelle, qui est parvenue
à réouvrir le dossier épineux de la désectorisation, tout en évitant apparemment les « effets pervers » - désorganisation et ghettoïsation - dénoncés par
l'opposition. Sans surprise, les requêtes parentales se sont focalisées sur l'entrée en sixième et seconde avec respectivement
59.000 et 40.000 demandes, soit 19.000 requêtes supplémentaires par rapport à 2007.
Jusqu'à l'assouplissement inauguré l'été dernier, il était de fait difficile de contourner une carte, qui, depuis 1963, impose
la scolarisation des enfants dans l'établissement le plus proche du domicile.
Surtout, les tentatives d'évitement demeuraient le monopole des milieux favorisés :
fausses domiciliations, jeu d'options et recours aux écoles privées.
Pour éviter le renforcement de cette sélectivité sociale via l'assouplissement - risque souligné par la plupart des syndicats
enseignants -, Xavier Darcos a demandé aux inspecteurs d'académie de privilégier certains publics : boursiers, fratries, élèves handicapés ou à « parcours
scolaires particuliers ». Des consignes apparemment respectées puisque la Rue de Grenelle se félicite d'une hausse de 33 % du nombre
de dérogations accordées aux élèves boursiers à l'entrée en sixième pour un taux de satisfaction de 92 %.
Un satisfecit qui masque en partie la disparité des résultats. Ainsi, à Paris, les familles d'élèves handicapés, mieux renseignées, ont davantage profité de la réforme que celles des boursiers,
proportionnellement moins nombreuses à postuler. Le gouvernement, qui s'est donné jusqu'à 2010 pour faire totalement
disparaître la carte scolaire, a donc des progrès à faire pour convaincre du
bien-fondé de la mesure en termes de mixité sociale.
A.-L. B.
[ 21/07/08 ] Les Echos