Comment endiguer l'absentéisme, qui concerne 275 000 élèves en France ?
Dans un lycée de Chelles, on a décidé d'offrir une place de cinéma aux plus assidus. Le ministère de l'Education, lui, veut d'abord responsabiliser les parents.
PAS DE RÉSULTATS, pas de cinéma ! La formule pourrait devenir le nouveau credo de l'Education nationale. Déjà à l'oeuvre à l'étranger, notamment en Grande-Bretagne, l'idée de récompenser les
élèves qui ont honoré de leur présence les salles de classe fait désormais son chemin dans l'Hexagone.
Le lycée professionnel Louis-Lumière de Chelles (Seine-et-Marne), où les chaises vides sont légion, vient ainsi de décerner à soixante adolescents - avec l'aval du rectorat de l'académie de
Créteil - des « diplômes du mérite » agrémentés de tickets de cinéma gratuits.
Il est loin le temps où les adeptes de l'école buissonnière filaient se cacher au ciné du coin...
Carotte ou bâton
Même symbolique, ce cadeau illustre bien la façon dont l'école cherche aujourd'hui à endiguer l'absentéisme. Ces dernières années, tout a été tenté pour empêcher les élèves les plus fragiles de
sécher les cours ou pour ramener au bercail ceux qui avaient disparu. Sanction, prévention, sanction... Les politiques se sont succédé sans réelle cohérence. Et sans résultat, puisque les
chiffres de l'absentéisme (275 000 élèves fantômes) ne baissent pas. Mais le ministère de l'Education, qui s'apprête à publier une circulaire pour relancer la bataille contre l'absentéisme, a
désormais un allié de poids : les nouvelles technologies (SMS, mails...). Elles serviront à alerter les parents en temps réel si leur rejeton manque à l'appel.
Entre la carotte et le bâton, Daniel Gruat, le proviseur du lycée Louis-Lumière, a choisi. En octobre dernier, c'est déjà lui qui suggérait de « rémunérer les élèves en lycées professionnels ».
Une façon de leur éviter d'avoir à choisir entre l'école et le petit boulot. Récompenser ceux « qui n'ont pas décroché » avec un petit cadeau relève pour lui de la même démarche. Laquelle ne
convainc pas Pascaline, 18 ans, qui a déserté sa terminale dès le mois de septembre. « Je m'ennuyais, j'étais sûre de ne jamais y arriver », raconte-t-elle. Un cadeau suffirait-il à la faire
revenir en classe ? « Ça dépend lequel, hésite-t-elle. Pour une télé, je pourrais me motiver. »
Christel Brigaudeau et Charles de Saint Sauveur
samedi 07 juin 2008 | Le Parisien