Accueil dans les écoles: les demandes de révision de la loi se multiplient
à gauche
21.11.2008
Les demandes de révision de la loi sur le service minimum d'accueil (SMA)
dans les écoles se sont multipliées vendredi à gauche, au lendemain d'une
grève nationale dans l'éducation qui a montré les limites d'application du
nouveau dispositif.
Rennes (PS) a estimé "urgente" une révision de cette loi votée le 20 août,
"les contentieux à répétition ne pouvant régler une situation devenue
dramatiquement cacophonique".
Jeudi, seuls 15% des enfants étaient allés en maternelle et 13% en
élémentaire, alors que la ville avait prévu un encadrement pour 60% de
présents. "Les modalités financières de remboursement par l'Etat ne nous
permettront pas de couvrir les dépenses engagées", indique la ville.
"Sans remettre en question l'intérêt d'un service minimum", Rennes propose
un partage des conditions d'organisation: "les villes assureraient ce
service dans les écoles fermées du fait d'une grève de la totalité des
enseignants, l'Education nationale prenant à sa charge les autres sites.
Les parents continueraient à assurer, pour ceux qui le peuvent, la prise
en charge de leurs enfants".
A Lille, ville de Martine Aubry, Maurice Torret, chargé des écoles, estime
qu'"il faut remettre tout le monde autour d'une table et réécrire la loi",
l'agrément des personnels comme les délais d'organisation, étant
problématiques.
A Reims (PS), l'adjoint à l'éducation Jacques Meyer va "reprendre langue
avec les services de l'Etat". La ville, assignée par la préfecture, a été
condamnée. Mais selon lui, "le jugement enjoint la mairie de procéder à un
examen des modalités d'application de la loi", pas de l'appliquer.
"Les syndicats", a-t-il averti, "ont prévenu que si nous mobilisions du
personnel municipal (pour accueillir les enfants), ils appelleraient à la
grève dans les services municipaux".
Le maire PS de Lens, Guy Delcourt, veut aller "jusqu'au bout" de son
combat contre la loi au nom de "la protection de l'enfance". M. Delcourt a
aussi rejeté la proposition du ministre de l'Education, Xavier Darcos, de
passer des conventions avec les fédérations de parents d'élèves pour
trouver les personnels destinés à garder les enfants, espérant que "les
associations se rendront compte des risques et ne signeront pas ces
conventions de dupe".
Dans une lettre à M. Darcos, le maire de Strasbourg, Roland Ries (PS),
souligne que "comme nombre d'autres collègues de grandes villes", il a dû
constater "la très grande difficulté, pour ne pas dire l'impossibilité,
d'appliquer la loi". "Plus la ville est grande, plus c'est difficile",
selon son adjointe, Nicole Dreyer.
Le spécialiste éducation de l'Association des Maires de France (AMF),
Pierre-Yves Jardel, estime au contraire que "les communes qui ont le plus
de mal à mettre en place le droit d'accueil sont les communes rurales".
"S'il faut aller devant la justice, nous irons, mais le SMA est
inapplicable et dangereux", assure Alain Letailleur, directeur de cabinet
du maire de Belfort, Etienne Butzbach (MRC). "Le gouvernement lui-même se
rendra peut-être compte de l'impasse du SMA".
Le SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire, a estimé que "la fragilité de
la loi se retrouve" dans l'idée de M. Darcos de faire appel aux parents
d'élèves. "Il est un peu curieux de vouloir d'un côté aider les parents,
et de l'autre de leur demander de garder les enfants à l'école", a relevé
son secrétaire général, Gilles Moindrot.
Le Parti radical de gauche a demande au ministre la suppression pure et
simple du SMA, "remise en cause du droit de grève et mise en difficulté
des collectivités locales".
21.11.2008 le parisien