Ils boivent beaucoup, et longtemps. Pour faire la fête et oublier la pression scolaire. Voilà ce que révèle une enquête qui décrypte les rapports des jeunes Français avec l’alcool.

Florence Deguen avec Hélène Bry | 19.10.2009
 
C’est un phénomène qui fait très peur aux adultes… Le « binge drinking », cette tendance bien connue dans les pays anglo-saxons qu’auraient les jeunes à se soûler le plus vite possible, a fait pour la première fois l’objet d’une étude qualitative en France. Commandée par l’Etat, menée auprès d’individus de 16 à 21 ans par un sociologue sous l’égide de l’Inserm, elle est rendue publique aujourd’hui à l’occasion d’un colloque sur les dépendances adolescentes, organisé par l’association l’Ecole des parents.
Et ses conclusions, que nous révélons en exclusivité, sont quelque peu inattendues. Les jeunes Français ingurgitent beaucoup d’alcool, certes, mais sur la durée. Le but étant de se maintenir en état d’ivresse le plus longtemps possible, pour profiter de la fête jusqu’au bout de la nuit, plutôt que de s’écrouler et de tout rater.

« Une spécificité hexagonale »

« Les jeunes Français ne boivent pas de la même manière que les Anglais, explique Marie Choquet, directrice de recherches à l’Inserm. Ils consomment beaucoup mais de manière plus étalée. Et il y a une spécificité hexagonale : ils mangent, dansent, discutent… Des activités qui font qu’on ne stocke pas l’alcool de la même façon que si l’on descend une bouteille affalé dans un canapé. » Selon cette spécialiste de la santé des adolescents, seuls 5 % des 16-25 ans s’adonnent au « binge drinking à répétition, se mettant en grand danger ».
De fait, la majorité des jeunes qui ont témoigné pour l’enquête, aussi bien issus de grandes villes comme Paris que de petits villages ardennais, ne se reconnaissent pas dans la « biture express ». Ils ne se sentent pas alcooliques, pas même susceptibles d’abîmer leur santé en buvant ainsi, toutes les semaines pour certains. Ils se retrouvent pour faire la fête, et la fête disent-ils n’est pas possible sans l’alcool. « Ils ne veulent pas qu’on en fasse un drame, résume Brigitte Cadéac, responsable du Fil santé jeunes de l’Ecole des parents*. Mais ça interpelle, précisément parce que c’est banalisé. Il y a toujours un danger à trop boire.»
Pour Marie Choquet, « le vrai problème, c’est de se demander pourquoi les jeunes ont tant besoin de cette soupape qu’est l’alcool ». La réponse fuse aussitôt : « La pression scolaire est trop forte. »
* Le 32.24, numéro gratuit et appel anonyme, tous les jours de 8 heures à minuit. Internet : www.filsantejeunes.com.

En finir avec les poux !

Envahissants, mais pas dangereux, les poux sont exaspérants pour les enfants – ça grattes ! –  et un vrai casse-tête pour les parents – comment s’en débarrasser ? –, et bêtes noires des maîtresses et des directrices de crèches. Tant d’idées reçues courent sur les poux, leur prévention et leur traitement. Le point pour les combattre avec efficacité et durablement.

La rentrée, c’est la saison des poux.

FAUX

Hélas, les parents le savent très bien, les poux peuvent sévir toute l’année, même si effectivement la plupart des directeurs d’écoles maternelles et primaires redoutent leur recrudescence à la rentrée.

On dit que certains enfants auraient de véritables têtes à poux !

FAUX.

Cela dit, on constate souvent que les cheveux longs, plutôt raides, offrent des facilités « d’ascension » pour les petites pattes des poux. Ceux-ci peuvent ainsi plus facilement passer d’une tête à l’autre. On n’a jamais démontré pour autant qu’il existait des facteurs de prédisposition à les héberger ! En revanche, on sait qu’ils trouvent leur compte de nourriture autant sur les têtes propres que sur les sales. Surtout là où la température du cuir chevelu est la plus élevée : c’est-à-dire la nuque, le dessus des oreilles et les tempes.

Les poux vivent une quinzaine de jours.

FAUX.

Les poux sur la tête subsistent en moyenne de 6 à 8 semaines car leur cycle de vie dure jusqu’à 50 jours. L’œuf, ou lente, collé à la base du cheveu, contient un embryon qui se développe pendant 8 jours. Après son éclosion, une larve sort et devient, en 9 à 12 jours, un pou adulte. La coquille vide reste accrochée au cheveu. A ce stade, elle ne boude pas de la tête de l’enfant. En revanche, lorsque le pou est mature, il va commencer son voyage d’une tête à l’autre. Il pourra vivre environ 30 jours. La femelle pond 5 à 10 œufs par jour et le cycle recommence.

C’est important d’avoir à l’esprit cette durée de vie des poux et lentes pour parvenir à s’en débarrasser, en répétant les applications de produits à bon escient.

En revanche, loin de « sa tête », le pou ne peut pas survivre plus de 4 à 6heures et lorsqu’il est gorgé de sang, pas plus de 2 à 3 jours. Il a besoin de la chaleur et de l’humidité de la tête pour vivre, et du sang du cuir chevelu pour se nourrir. Quant aux lentes, il leur faut plus de 26°C pour éclore. Sur un cheveu arraché, elles meurent.

Ils ne sautent pas de tête en tête.

VRAI.

Les poux n’ont pas d’ailes. Ils ne volent par conséquent pas et ne sautent pas non plus. Ils se déplacent le long des cheveux et vont de tête en tête à l’aide de leurs pinces puissantes. C’est avec elles qu’ils agrippent les fibres d’un bonnet, d’une écharpe ou le col d’un manteau, par exemple. En réalité, les poux se transmettent essentiellement par contact direct, de tête à tête, et beaucoup moins par l’intermédiaire des brosses, barrettes, bonnets, taies,…

Les poux sont de plus en plus résistants.

VRAI

En Europe, les poux ont effectivement développé des résistances à la plupart des insecticides traditionnellement utilisés, les pyréthrines naturelle et, surtout, les analogues de synthèse. De même, on sait qu’ils commencent à ne plus réagir à la deuxième grande famille des insecticides chimiques, le malathion, mais en France on n’a pas encore de données précises sur l’importance du phénomène, assez complexe en réalité : la résistance des poux varie d’une école à l’autre, d’un enfant à l’autre… Et sur une même tête, vous pouvez avoir des poux résistants au pyréthrines et d’autres au malathion !

Il suffit de les noyer dans un bain.

FAUX.

Les poux savent nager et sont capable de résister à une immersion prolongée, même en piscine pendant 5heures environ ! Pour bloquer l’arrivée de l’eau dans leur système nerveux central, ils ferment leurs orifices respiratoires, les quatorze spiracles disposés sur les côtés de leur corps. C’est d’ailleurs exactement le même mécanisme qui se produit lorsqu’on croit les noyer avec un shampooing « anti-poux », pas assez concentré et que, de toute façon on rince forcément ensuite !

Il existe de nouveaux produits très efficaces et inoffensifs.

VRAI

Les diméticones sont des huiles de silicone considérées comme chimiquement inertes et inoffensives que le plan toxicologique. Le développement de résistances est, à priori, très improbable. Leur mode d’action est purement physique : une étude très récente montre que ces huiles pénètrent dans les spiracles des poux et entravent les échanges d’oxygène et de vapeur d’eau. En fait, les poux n’étoufferaient pas, mais se déshydrateraient et éclateraient. Quant aux mélanges d’huiles essentielles, censés également étouffer le pou, on n’a pas encore démontré leur efficacité, ni même leur totale innocuité.

Pas de produit anti-poux avant 2 ans.

FAUX

Bien des produits peuvent être utilisés avant cet âge. Mais, d’une part, les poux sont plutôt rares sur les têtes d’enfants aussi jeunes et, d’autre part, il vaut mieux a priori bien choisir lesquels et en raccourcir la durée d’application. Il est donc recommandé de demander l’avis de votre médecin car les traitements ne sont pas anodins. En effet, les insecticides locaus (accusés par une étude de provoquer la leucémie aigue de l’enfant) sont de véritables médicaments et sont d’ailleurs vendus comme tels. Ils comportent des risques mais sont très contrôlés. Les gels siliconés et les huiles ne rentrent pas, pour leur part, dans les contraintes réglementaires des médicaments car ils sont considérés comme des « dispositifs médicaux ». Ils n’ont donc pas été évalués dans les mêmes conditions par les autorités de santé.

Les shampooings « anti-poux » ne servent strictement à rien.

VRAI.

Ils ne sont pas assez concentrés en produit actif, et comme de toute façon on les rince, les poux ne risquent pas d’être tués ! En revanche, ils participent à l’expansion de leurs résistances. Bien sûr, après application de la lotion durant le temps nécessaire, on peut ensuite laver les cheveux avec un shampooing ordinaire, puis rincer.

Les lotions sont préférables aux sprays.

VRAI.

Les lotions permettent une application du produit plus homogène. De plus, elles ne diffusent pas dans l’environnement, et ainsi ne risquent pas de provoquer des bronchospasmes chez les enfants asthmatiques.

Des applications plusieurs jours de suite, c’est plus sûr.

FAUX.

En revanche, il faut systématiquement répéter l’application comme indiqué sur la notice, souvent entre le 7° et 11° jour après la première. Cela permet d’éliminer les poux éclos des lentes présentes à ce moment-là. Car ne vous fiez pas aux promesses su packaging : la plupart des produits anti-poux sont loin de détruire aussi les lentes.

Par précaution, on passe tout au répulsif.

FAUX.

Doublement faux ! Premièrement, le répulsif n’a jamais montré son efficacité pour éviter la propagation des poux. La seule façon de procéder est de dépister l’infestation effective de la tête et de la traiter. Deuxièmement, son utilisation a sa part de responsabilité dans l’extension du phénomène de résistance aux produits.

Il faut toujours laver le linge à 90°C

FAUX

Un lavage à 50°C, avec une lessive standard et rien d’autre, suffit pour éliminer poux et lentes, c’est prouvé !

A 40°C, ils résistent, comme des études l’ont démontré.

Florence Arnold-Richez - magasine Parents novembre 2009

Avec : le PR Olivier Chosidow, chef du service de dermatologie à l’hôpital Henri Mondor , à Créteil

Ce qui change au lycée

Devant un parterre conséquent d’élèves, profs, recteurs et ministres, le président a présenté ce matin depuis l’Elysée «son  projet pour améliorer le lycée à partir de la rentrée prochaine.
 
Claudine Proust | Le Parisien 13/10/09
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Exit la grande réforme qui avait jeté des milliers de manifestants dans la rue l’hiver dernier. Exit le mot même de «refondation» du lycée. Si les annonces de Nicolas Sarkozy ont pris des allures de grand-messe à l’Elysée ce matin, devant plusieurs centaines d’invités, la feuille de route qui sera dévoilée et transmise à son ministre de l’Education nationale se réclame très prosaïquement « de réponses concrètes aux insatisfactions concrètes » dont lycéens, parents et enseignants se sont fait l’écho auprès du chargé de mission Richard Descoings.
 
 Pour changer la vie des quelque 1 446 866 lycéens de la voie générale et technologique (le bac pro est déjà réformé), six orientations sont retenues.

L’accompagnement personnalisé. Dès septembre pour les élèves de seconde, à la rentrée 2011 en première et 2012 en terminale, tout lycéen aura deux heures d’accompagnement obligatoire, par groupes, sous la houlette d’un prof. Selon son niveau : aide à combler ses lacunes ou approfondissement dans une matière, aide méthodologique ou accompagnement à l’orientation. Au ministre d’en négocier l’articulation, sans alourdir l’emploi du temps. Les lycéens s’en plaignent, rappelle l’Elysée. Ils ont déjà 10 % d’heures annuelles en plus que leurs camarades des pays de l’OCDE.

Les langues… à l’oral. On ne touchera pas au bac, promis. Sauf peut-être d’ici trois ans en langues. Pour en finir avec l’aberration qui veut qu’aujourd’hui on passe l’option latin à l’oral et sa langue vivante 1 à l’écrit, et surtout améliorer les performances linguistiques des lycéens, le président veut qu’on mette plus de « vivant » dans l’apprentissage. Visioconférences, conversations avec des assistants étrangers, échanges entre établissements : il faudra aussi préférer l’enseignement par groupes de niveau plutôt que par « classes ».

La révision des filières. Pour endiguer la fuite d’élèves qui ne courent pas après une carrière de matheux vers la sacro-sainte « voie royale » du bac S, Nicolas Sarkozy attaque… en revalorisant les filières qui manquent d’attrait. La filière technologique STI, jamais revue depuis 1993, va être réformée, pour « assurer un avenir d’ingénieurs aux lycéens et à l’économie “industrielle” de la France ». IUT et BTS seront priés de faire une place à ces nouveaux bacheliers, et les lycées de leur créer des classes préparatoires qui leur permettent de tenter ensuite les grandes écoles d’ingénieurs.  La section L, en perte de vitesse (17 % des lycéens) doit devenir une filière « internationale », avec une spécialité langues et civilisations étrangères.

Le droit à l’erreur. Pour éviter l’orientation cul-de-sac, on va autoriser les changements de filière, y compris en cours d’année, avec sessions de rattrapage des matières de la filière d’accueil, pendant les vacances. Pour éviter la tentation du « zapping », la possibilité de changer sera réservée aux cas sérieux et soumise à avis du conseil de classe.

Plus de culture. La culture peau de chagrin, les lycéens s’en plaignaient. Les établissements vont être priés de développer des partenariats avec des musées, des salles de concerts. Nicolas Sarkozy « tient » à y ajouter le cinéma. Pour que les élèves « gavés d’images » aient accès au patrimoine du septième art, il a demandé à France Télévisions de développer une plate-forme Internet vidéo, riche de 200 chefs-d'oeuvre que les lycées pourraient télécharger.

Pas seulement jugés avec les notes. Afin d’adoucir la « dictature sanction » des notes dont se plaignent les lycéens , l’Elysée souhaite que l’élève de demain puisse être aussi jaugé sur ses capacités extérieures aux matières du lycée (pratique d’instrument, théâtre, implication associative...) et être associé à certains choix de la vie du lycée (restauration, aménagements).